Sphinx / Sphinge
SPHINX
Un chevreau sur l’épaule, un bouquet à la main
Courbé comme un chasseur ou bien comme un orant
Qu’attends-tu donc, Œdipe, au détour du chemin ?
La beauté d’une femme ou un lion dévorant ?
Vivre n’est rien qu’un jeu mais l'énigme éternelle,
Lutte et baiser mortels ; quoique tu te défendes,
C’est toi-même en entier que consomme en offrande
L’implacable destin, le sphinx aux yeux cruels.
Sous les lèvres glacées, ta chair devient souillure ;
Dans la force et le cri, ton poing se fait plus dur :
Va-t'en porter chez toi la honte et le trépas.
Peux-tu d'un air léger gagner les murs de Thèbes
Sans sentir dans ton dos l’haleine de l’Erèbe ?
Tu n'es pas libre, Œdipe ! attention à tes pas.
L'Erèbe : les enfers
SPHINGE
La mélodie de ma syringe
Ne peut adoucir tes regrets
Ni les oiseaux pris dans mes rets
Ni les bonds de mon petit singe
Laisse-moi dans tes yeux, ô sphinge,
Pénétrer jusqu'à ton secret
D'où coule un pleur comme un décret
Rouge sur la blancheur d'un linge
Je suis Œdipe et roi dans Thèbes
Où vont chantant de beaux éphèbes
L'énigme est simple ce matin
- Dans mes regards point d'étincelles
Vois saigner deux sombres prunelles
Tes yeux crevés sur ton destin